Textes de fondation

POUR LE TEXTE DE FONDATION de l'association"Acte Psychanalytique":
- Le premier, rédigé par Pierre Smet, à la suite d'une désignation par tirage au sort, (ceci étant convenu comme pouvant être discuté et complété par d'autres);
-le second par Joseph-Lê Ta Van ;
- le troisième par Michel Elias;
- et les suivants...à venir...

PREMIER TEXTE:
- Acte psychanalytique
Pour un texte de fondation

L’idée était donc que l’un d’entre nous écrive un texte pour la fondation de l’acte psychanalytique et que par la suite chacun y réagisse et/ou écrive un autre texte.
Voilà donc un premier texte qui n’est pas un texte de fondation en tant que tel puisque le texte de fondation est celui qui va se construire avec ceux qui vont suivre .
Je trouve difficile de rendre compte de ce qui est à l’origine d’une association. Cette difficulté indique probablement combien le récit prendra le pas sur l’histoire, combien les raisons peuvent changer avec le temps qui passe.
Lacan et Freud ont pris la parole en faisant part de leurs positions et de la situation dans laquelle ils se trouvaient, la question est loin de pouvoir se résumer à la réussite et à l’échec, ni au fait que compte tenu du temps on peut considérer la psychanalyse comme dépassée…
En tout cas pour ce qui nous concerne cela a commencé par un temps de rencontre pour débattre de cette question « où en est la psychanalyse, qu’est ce que nous avions chacun à dire à ce sujet. » Quel était le parcours de chacun, pouvions-nous nous entendre pour travailler ensemble ? Fallait –il ou pas se constituer en ASBL ?

1. Rencontres préliminaires

Il faut noter à ce propos que très souvent dans leurs textes de présentation ,les association laissent pour compte les rencontres préliminaires . Ce temps où le respect et l’estime se mettent en place quant aux personnes et leurs parcours. Il s’agit là pourtant de ce qui va se retrouver dans le transfert de travail avec la haine, l’ignorance, l’amour…..
Donc avant de créer l’acte psychanalytique, nous avons eu durant environ une année des rencontres à partir desquelles des accords ont peu à peu pris place, comme les désaccords.


2. Points communs et accords

Plusieurs points communs sont apparus, tout d’abord que nous étions tous depuis environs 15 ans dans le champ analytique.
Nous avons chacun été correspondant ou inscrit dans des projets, des associations dont certains existent encore et d’autres sont dissous ou arrêtés. Si ces expériences nous ont marqués, elles ne nous ont cependant pas amené à la haine, ni à des positions de rejet absolu ,au contraire chacun y a plutôt témoigné d’impossibilité de travail ,voire pour certains le fait d’avoir été refusé dans certaines associations ou de pouvoir y être accepté moyennant l’acceptation de certaines conditions comme celle de reprendre une analyse avec un analyste de la dite association .
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A propos de la situation des associations actuelles, il en est ressortit de nos discussions que se retrouvaient de plus en plus tant dogmatisme que référence au maître. Le narcissisme et l’institutionnalisation nous semblent également fort présent et être un frein pour le travail, enfin pour certains d’entre nous il y avait le constat de l’absence d’une lecture et d’une pratique de la topologie proposée par Lacan..
Mais ces premiers éléments ne nous ont pas encore permis de pouvoir préciser le lien de cette situation avec le discours analytique ,il s’agit surtout pour nous de pouvoir saisir dans quel situation se trouvaient Freud et Lacan afin d’en préciser la portée de leur acte et de leur engagement avec la découverte de la psychanalyse .



3. Psychanalyse et histoire

L’histoire de la psychanalyse est devenue un enjeu important, certains ne reculent pas à utiliser « des révélations » pour « dépasser » Freud et Lacan.
Or il s’agit de ne pas se limiter à des évènements, ni à en rester à vouloir faire l’histoire de la psychanalyse., il ne s’agit pas non plus d’en rester et de se satisfaire d’analyse de personnalité, ni non plus vouloir ne pas voir escroquerie ou débilité…..
Peu à peu il est apparu que l’acte dans son insaisissabilité était pour nous un enjeu essentiel.
La psychanalyse nous a appris de l’histoire qu’elle est toujours en train de se faire, qu’elle est masquée par le récit, mais aussi par le fait qu’elle se fait et se défait. Il nous est paru ainsi essentiel de parler de nos parcours, de notre rencontre avec la psychanalyse mais aussi du choix des études et des engagements professionnels…de nos styles de vie …

4. D’où venez-vous, qui êtes-vous ?

Quelques mots de nos trajectoires, car cela fait partie des questions qui sont posées et que très souvent l’on nous pose : « Qu’avez-vous fait comme études ? ». En effet, cela n’est pas sans conséquences. Nous avons chacun des formations diverses : philosophie, psychologie, psychiatrie, sciences économiques, droit, criminologie et anthropologie.
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Il faut bien voir que cette question de formation n’est pas sans lien avec l’histoire de la psychanalyse ,de son lien avec la médecine, la psychiatrie ,….mais aussi le droit ,la philosophie et puis avec ce que Lacan a amené avec la logique ,les mathématiques ,la topologie …. Nous ne pouvons énumérer ici toutes les disciplines ,il suffit de reprendre ce que Freud et Lacan en ont donné comme indication dans leur textes sur la formation du psychanalyste .

Une question importante souvent laissée pour compte dans les textes et qui pourtant occupe une place centrale dans les discussions ,est celle de savoir quels ont été nos analystes ?
‘’Chez qui as-tu été en analyse ….. ?’’à quelle association appartient ton analyste ?Ces questions sont importantes .Il apparaît en effet qu’elles ne sont pas sans conséquence pour la suite tant au niveau de la clinique ,que au niveau de la théorie que de l’engagement analytique .
Parmi les questions que posent les formations de départ, il y a évidemment celle qui le lien avec la psychanalyse, il y a également celle qui porte sur la place de la psychanalyse dans les milieux professionnels. La plupart d’entre nous avons travaillé tant dans le milieu ambulatoire que d’hébergement ou fermé. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plutôt à travailler dans quatre secteurs : institutions pour enfants autistes, Maisons Vertes, Services de santé mentale, Foyers pour psychotiques adultes et trois d’entre nous travaillent en particulier sur des problématiques de délinquance sexuelle. A côté de cette activité, nous travaillons tous comme psychanalyste en activité indépendante .

Ces questions n’ont pas été également sans évoquer les questions financières et à ce propos du lien entre psychanalyse et argent .Il est clair à ce propos que la présence au sein de notre associations de personnes d’origines culturelles et de trajectoires professionnelles différentes a amené une dimension supplémentaire à cette question.
Enfin il faut ajouter que le fait que certains d’entre se sont mis à publier n’a pas manquer non plus d’amener des questions notamment sur la diffusion de la psychanalyse sur les compromis et concessions à faire pour son ‘’accessibilité ‘’.

5. Pourquoi « Acte Psychanalytique » comme association ?

Nous avons trouvé que c’était à l’acte lui-même que nous avions à nous référer, car il était ce qui nous paraissait aller le plus contre l’institutionnalisation, qu’il nécessitait de s’y engager, d’en prendre un certain risque et d’avoir à en assumer les conséquences.
Ce choix nous a valu de nombreuses réactions de perplexité et d’étonnement mais aussi de ricanements, et ce notamment par rapport à la création aujourd’hui d’une association de psychanalyse. Ainsi revenait fréquemment la question de savoir pourquoi nous avions créé une association qui, selon ces critiques, ne serait qu’une association en plus. Il s’agit tout d’abord de dire que pour la plupart d’entre nous, il s’agissait avant tout du fait d’acter un temps, un parcours . Nous nous connaissions déjà depuis longtemps, nous avons décidé de nous associer pour fonder un lieu de travail de psychanalyse. Lorsque certains parlent de prolifération, il faut bien voir que derrière ces propos, certains y voient du sectarisme ou de l’hégémonie analytique. Au contraire, pour nous, il s’agit de mettre l’acte au travail, de ne rester ni dans une solitude auto-suffisante ni dans une masse arrogante, de permettre au désir de travail de prendre place et de pouvoir travailler ce désir.
Il reste certainement des questions et des problèmes portant sur le nombre, car tant le grand nombre que le petit nombre posent difficulté. Nous avons été cinq a fondé l’association, depuis nous avons quelques candidatures mais plutôt le fait qu’un certain nombre de personnes se sont intéressées à notre travail notamment à partir de notre séminaire au Théâtre Poème
Lors de nos activités, nous avons habituellement une vingtaine de personnes qui viennent participer : l’année passée, lors de nos premières Journées de Mars, nous avons eu 150 participants ,mais depuis lors ce chiffre a diminué . Mais ces chiffres, comme tous les chiffres, ne peuvent se lire sans précautions. Jusqu’à présent, notre position a été, plutôt que de rechercher du grand nombre, d’abord et avant tout, de rejoindre des lieux de travail collectif comme La FabEP , l’inter-associatif ,et Convergencia .Par ailleurs à notre séminaire nous invitons régulièrement des analystes d’autres associations qui ne se retrouvent pas dans une association analytique mais sont en correspondance avec celles –ci.

6. Les autres associations

Dès le début, nous avons surtout travaillé avec trois associations avec trois associations - la plupart d’entre nous avaient déjà travaillé auparavant avec celle-ci. Ces associations sont « Dimension de la Psychanalyse », Ecole Lacanienne de Montréal et Topologie En Extension.».
Nous savons que le risque est grand que les rassemblements émoussent le tranchant de la psychanalyse, mais tant Freud que Lacan nous ont montré les implications politiques de la psychanalyse et notamment celles qui concernent uniformisation et globalisation.
Aujourd’hui il s’agit pour nous de préciser l’enjeu de la psychanalyse et nos positions face aux questions actuelles et au lien social actuel. Un premier pas fut donc de créer une association reconnue comme a.s.b.l. mais avec un fonctionnement et des modalités de structure.
Il faut dire ici que ce travail de psychanalyse en extension ne fut pas sans susciter des réactions critiques parmi nous ,quant à la trop grande part qui était donnée à cette orientation alors qu’il fallait que la clinique occupe plutôt cette place centrale .Le fait que ces remarques sont très souvent adressées par des femmes ce qui fut le cas au sein de notre association,-n’est pas non plus sans poser question.

7. Structure(s)

Dès le départ de notre association, nous avons voulu fonctionner à partir d’une mise en structure. Ainsi, nous avons, pour la fondation de l’association, fonctionné en cartels et proposé à ceux qui nous ont rejoints de s’inscrire également dans des cartels et de faire fonctionner un inter-cartel. Il est clair que de s’inscrire comme a.s.b.l. nous confronte à devoir innover par rapport à la structure binaire (Assemblée générale – Conseil d’administration) dans laquelle nous nous retrouvons. Freud et Lacan nous ont cependant indiqué qu’il s’agissait de tenir compte du transfert de travail et que la question de la sexualité était présente dans les institutions . Lacan parla ainsi des mamelles de son école – pour parler du cartel et de la passe – et en effet d’entrée de jeu, nous avons eu à nous positionner par rapport à la question « du psychanalyste » de l’association. Nous étions d’accord de poursuivre l’expérience de la passe, mais pour certains d’entre nous notre trop petit nombre empêchait –pour l’anonymat et la discrétion- qu’elle puisse s’effectuer au sein de l’association même. Nous avons donc plutôt encouragé quiconque à soit faire la passe dans une autre association, soit à faire la passe en réseau. Cela a été le cas pour deux de nos membres. Dès le départ la discussion à été engagée sur la proposition de nous inscrire dans la passe en réseau ,ce qui fut fait .

8. Orientation(s) de travail

Il nous a paru important de commencer à travailler à partir de la lecture du séminaire de Jacques Lacan sur l’acte psychanalytique et de suivre cette lecture par l’organisation de nos premières journées de travail qui auraient lieu chaque année au mois de mars. La lecture de ce séminaire nous a interpellé car la place que Jacques Lacan donne à la logique était cruciale et venait là où on aurait pu s’attendre à ce qu’il n’y ait que de la clinique et de la cure. Le quadrangle présenté dans ce séminaire nous a ainsi à la fois indiqué le parcours d’une cure mais également nous a replongés dans le vif du débat concernant ce qu’il en est du sujet et de l’objet, nos réunions de travail étant également traversées par le côté « étonnant » des nouvelles demandes, notamment en ce qui concerne le temps, l’efficacité, …
C’est d’ailleurs ce qui, déjà à cette époque, nous a également orientés à devoir reprendre des questions posées par la clinique.
Par la suite les thèmes de nos colloques reflètent d’une certaine façon nos questions :en 2OO6 ‘La clinique’ ,en 2OO7 ‘Ecrire et écriture’ ,en 2OO8 ‘’Le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même ….et de quelques autres ‘’ et en 2OO9 ‘Le corps’.
Force est de constater que avec le temps il apparaît que nos différences et nos divergences portent principalement sur le positionnement de chacun par rapport à la psychanalyse et qu’il en ressort une série de conséquences tant au niveau du contenu qu’au niveau d’une présentation. De quel positionnement s’agit-il ? Nous pouvons le préciser à partir des discussions et des temps de travail que nous avons ensemble et il apparaît qu’il s’agit là du travail que nous aurons à faire pour le temps à venir .
Il apparaît que c’est notamment au niveau de l’acte analytique et en particulier de sa portée clinique , éthique ,politique …que se présentent de manière différente les engagements .
A ce propos se trouvent également la question de savoir où est la place que chacun et chacune octroie , donne à sa fonction.A nouveau se retrouve ce vieux conflit de savoir la place à donner à la théorie et la pratique ,mais il apparaît qu’il s’agit de plus que cela c’est véritablement ce qui touche à l’autorisation que chacun se donne et nous ajouterons à partir de quel expérience .C’est à ce niveau que se jouera également la question du lien entre l’expérience individuelle et celle de la situation de la psychanalyse .

9 Psychanalyse et expérience(s)

Les situations de déviations , de transgressions sont de plus en évoquées par rapport à la psychanalyse .Des publications mais aussi des associations se sont constituées pour réagir à ces situations .Au sein même d’Acte Psychanalytique nous avons eu à connaître des témoignages portant sur certains pratiques ayant lieu au cours de l’analyse ou durant son interruption .
Le silence qui règne à propos révèle combien ces questions restent difficiles mais aussi qu’elles portent sur les questions mêmes que la psychanalyse a découvertes.
Le lien entre l’expérience de la cure et la conceptualisation de la psychanalyse est également difficile ,et loin d’être univoque …
IL apparaît clairement que toute question théorique ne manque pas de se trouver chargée de questions et de limites personnelles et pourtant ce n’est pas toujours le cas que du contraire .
A ce propos il s’agit de prendre en compte que parfois il y a un refus de présenter un travail parce qu’il s’agit de le présenter devant d’autres et que se jouent là précisément de pouvoir présenter un travail ,une position .A ce propos la situation du champs analytique peut être déterminante .




10. L’Acte Psychanalytique et la situation de la psychanalyse en Belgique

Comme nous l’avons déjà dit, nos parcours nous ont déjà amenés au préalable à travailler avec différentes associations et cela n’a pas été sans rencontrer des situations difficiles – départs, exclusions, décès, … - qui continuent encore aujourd’hui à être présentes. De parler de cela ne peut se faire en fait sans parler de certains qui ont été importants pour nous : Jacques Schotte, Jean-Paul Gilson, José Cornet, Hervé Coster, François Pouppez , René Lew, Jean-Michel Vappereau, Jeanne Laffont… . Certains d’entre eux ont également connu des exclusions ,des rejets…. Et pour certains leurs morts en restent marqués .
Aujourd’hui ,ces questions extrêmement vives sont toujours présentes.
Dans ces débats se retrouve très souvent la question du sérieux,du hors norme et cela suscite des controverses difficiles.
Le travail de la topologie a fait partie des questions qui ont suscité des difficultés, mais il s’agissait là aussi de ce qu’il en était de la place des mathématiques dans la pensée et dans les sciences. Faire de la topologie, c’est aussi de mettre en acte du temps et de l’espace, ce qui n’est pas sans conséquences sur le travail à plusieurs. Nous savons que la création de notre association n’est pas sans risque de rencontrer haine, mépris et ignorance, nous en prenons acte par ailleurs la situation de la psychanalyse en Belgique ne peut se lire sans ce qui se passe de la psychanalyse en Europe et surtout dans le monde.

11. Situation politique belge, européenne et intercontinentale

En Belgique comme dans différents pays d’Europe, nous avons assisté ces dernières années à des législations portant notamment sur le titre de « psy ». Pour ce qui concerne notre pays et ce, suite à ce qui s’était passé en France, c’est-à-dire que l’Etat s’en est tenu à sa seule politique, sans vraiment tenir compte de la position des associations de psychanalyse, nous avons participé à la fondation de la FéBAP afin de constituer un interlocuteur représentatif
. Notre position a toujours été de considérer que la psychanalyse ne devait pas faire l’objet d’une législation, nous étions avec quelques associations assez isolés dans cette voie et les débats sont toujours d’actualité.
Ces réunions nous ont permis de voir combien les associations de psychanalyse peuvent être prises dans des enjeux sociétaux et surtout par rapport à ce qui peut être pressenti ou identifié comme menaçant.
Par ailleurs, nos engagements professionnels au sein de structures du champ psycho-médico-social nous inquiètent également quant à l’envahissement réalisé par les logiques de gestion et d’évaluation provenant d’autres continents
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12. Situation de la psychanalyse dans le monde

Peut être faut-il rappeler que la majorité des associations de psychanalyse en Belgique ont leur « maison mère » à Paris ou à Londres, que la création d’associations mondiales de psychanalyse ont marqué l’histoire de la psychanalyse de ces 10 dernières années, mais surtout qu’il existe de véritable orientations psychanalytiques qui s’excluent les une des autres et pratiquent une politique de la néantisation.
‘L’excommunication ‘ de Lacan n’est qu’un exemple de ce qui se passe ,il s’agit de pouvoir tirer les conclusions et les conséquences de cette situation.
Notre inscription dans les associations collectives commencent à nous en donner des éléménts d’analyse .
Tant il s’agit de pouvoir faire l’analyse de cette situation tant il s’agit aussi de pouvoir faire place à ce qui en es dit et en particulier à partir de ce qu’il en est de vouloir être psychanalyste et de ce qui peut en être dit à partir de témoignages ou d’autres dire .
C’est au prix d’y laisser la terreur ,voire la barbarie y prendre place .



1 3. La passe

Il s’agit en effet de continuer à prendre en compte ce que la passe continue à susciter, que cela soit au sein même d’association ou dans la mise en place de passe à plusieurs associations ou en réseau.
Jusqu’ici la passe ne semble pas possible dans l’association, compte tenu qu’il semblerait bien qu’il y ait la nécessité d’un certain nombre pour qu’elle soit possible. La passe reste cruciale ,le témoignage du passage à l’analyste tient d’un acte toujours à découvrir. La passe porte à conséquence tant pour le passant, que pour toute l’association qui apparaît jusqu’ici, résultat donc d’un fonctionnement qui n’est pas sans révéler de nombreuses questions.
De la passe retenons que c’est là que Lacan dit avoir échoué « Donc, il faut bien que j’innove, puisque cette Ecole, je l’ai loupée, d’avoir échoué à produire des analyses (A.E.) qui soient à la hauteur » (1)
Pour rappel « l’A.E. ou analyste de l’Ecole, auquel on impute d’être de ceux qui peuvent témoigner des problèmes cruciaux aux points vifs où ils en sont pour l’analyse, spécialement en tant qu’eux-mêmes sont à la tache ou du moins sur la brèche de les résoudre. Cette place implique qu’on veuille l’occuper : on ne peut y être qu’à l’avoir demandé de fait, sinon de forme. »
Deux mois plus tard un A.E. lui demande ce que c’et que d’être un A.E. à la hauteur à quoi Lacan répond « Eh bien qu’il relise ma Proposition d’octobre 1967. Il verra que cela comporte au moins qu’on l’ouvre » (2)

Dans la lettre pour la cause freudienne il répond : « La cause aura son école. D’où procèdera l’AME de la cause freudienne maintenant. La passe produira l’A.E. nouveau – toujours nouveau de l’être pour le temps de témoigner dans l’école soit trois ans. Car mieux vaut qu’il passe, cet A.E. avant que d’aller droit s’encastrer dans la caste »

Aujourd’hui de nombreuses associations ont rejeté toute forme de « nomination », or dans la proposition de 67, c’est de cela qu’il s’agissait .
« Il va s’agir de structures assurées dans la psychanalyse et de garantir leur effectuation chez le psychanalyste. Ceci s’offre à notre Ecole après durée suffisante d’organes ébauchés sur des principes limitatifs. Nous n’instituons du nouveau que dans le fonctionnement. Il est vrai que de là apparaît la solution du problème de la société psychanalytique » (3)

14. Le témoignage l’horreur , …

La passe repose sur le témoignage et non un examen, ou sur un travail de fin cycle. Il s’agit cependant d’un témoignage inscrit dans une logique particulière puisque dans la procédure le témoignage n’est pas seul mais se retrouve avec le dire des passeurs et le dire du jury.
Le choix de la dimension de dimension de témoignage me semble crucial, met en jeu un certain rapport à la vérité. Sans aucun doute se passe ici ce qui de la loi vient comme fondement, je ne jure pas de dire « la vérité rien que la vérité », mais j’y ai affaire, mais à quoi ? A quelque chose qui a à voir avec le témoignage par rapport à la psychanalyse, à ce qui se passe avec la psychanalyse, avec les analysants, les analystes, les non-analystes.
La question de l’autorité est présente dans la psychanalyse y compris dans la formule de jacques Lacan « le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même », même si cette formule existe cela ne permet cependant pas de faire l’économie de la mise en place d’une institution de psychanalyste, ni surtout de se retrouver avec ce qu’il en est de l’acte dont Lacan dit que c’est ce dont le psychanalyste à horreur.
Il y a la quelque chose de mis en jeu, quelque chose à dire de ce que chacun au point, à la place où il en est, en dit ou pas quelque chose ,là il y a un point avec ce que chacun peut dire et peut être tu ou dit, là il peu y avoir refoulement, forclusion ou déni,…

15. La nomination et institution

De plus en plus dans les dispositifs de passe il n’y a plus de nomination , la plus part des associations de psychanalyse ont écartées toutes les nominations en justifiant qu’ils voulaient ainsi écarter toutes possibilités qu’il y ait à nouveau des maîtres ou des chefs. N’est ce pas au contraire venir à nouveau refuser de se confronter à cette question ?
N’est ce pas là que se repose la question de ce qu’il en est du mythe ,des noms –du - père ? De nombreuses questions se posent dès que l’on parle de la nomination, … des noms, …
Souvent lorsque ces questions sont abordées, elles sont déviées par ceci que ces questions ne seraient plus à poser car la psychanalyse est « déjà » devenue une institution.
Le texte de situation de la psychanalyse est particulièrement intéressant pour cette question d’autant plus qu’il s’inscrit au moment de l’anniversaire de la naissance de Freud et que aujourd’hui également nous nous retrouvons à des moments d’anniversaire de la psychanalyse. L’intérêt de ce texte est de voir ce que Lacan pointe : les faits de la découverte de Freud au moment ou les patients se mettent à dire ce qu’il y eu recours à une « troisième oreille » c'est-à-dire l’affect, le vécu, le pré-œdipien.
Cette troisième oreille concerne en fait le registre de la vérité qui pour Lacan est à prendre à la lettre parce que « l’homme est dès avant sa naissance et au-delà de sa mort, pris dans la chaîne symbolique, laquelle à fondée le lignage avant que s’y brode l’histoire », « cet extériorité du symbolique par rapport à l’homme est la notion même de l’inconscient ». Si une écriture comme le rêve lui-même peut-être figurative, elle est toujours comme le langage à articuler symboliquement. Si il y a la place pour le regroupement qui s’affirme comme ordre des sciences conjecturales, il s’agit de prendre en compte que la conjecture n’est pas l’improbable, les lois de l’intersubjectivité sont mathématiques. La question est bien celle de la relation du moi à la vérité et ce qui en fait institution, nous retrouvons la question de l’infatuation et des questions des logiques institutionnelles.
Lacan fait apparaître les grades existant à son époque : les suffisances étant ceux qui se suffisent à eux même et qui n’ont pas pour rôle d’entraîner, se sera plutôt le rôle des petits souliers, comme suffisance voilée, catégorie vide seulement habitée, car se seront les Biens nécessaires qui élèverons l’usage de la parole et enfin les béatitudes qui seront les portes paroles des suffisances. Cette situation n’existe-t-elle pas encore aujourd’hui ? L’important ici est de rester dans ce qui peut-être de la parole, et d’y voire les logiques en action.


17. Devoir dans le monde ,garanties,valeurs ,….

Dans l’acte de fondation 1964, la question ouverte est celle de la découverte de la psychanalyse et du devoir dans le monde. La proposition de travailler en petit groupe mais dans une logique de cartel qui montre l’importance de l’expérience de la structure et de ce qu’il en est du travailleur décidé, car ce Lacan veut à l’encontred’ un « tarissement » de travail. Se pose ici la question de l’école « dans le sens où dans les temps antiques il s’agissait certains lieux de refuge, voire bases d’opérations contre ce qui déjà pouvait s’appeler malaise dans la civilisation ».
Lacan va plus loin : « A nous en tenir au malaise de la psychanalyse, l’école entend donner son champ non pas seulement à un travail critique, à l’ouverture du fondement de l’expérience, à la mise en cause du style de vie sur quoi elle débouche ». Donc, ce que l’école aurait à faire, c’est la production de psychanalyse, « dusse ce bilan apparaître comme laissant à désirer ». La proposition d’octobre 1967 (première version) pose dès le début de son texte la question de la garantie, mais aussi la question qui porte sur la différence de statut entre AME (ayant une formation suffisante) et AE comme critique interne
Mais l’autre point important est celui qui concerne la psychanalyse elle-même et le fait de s’inscrire dans la suite d’une exclusion par l’IPA – nommé par Lacan ex communication , c'est-à-dire quelque chose qui s’est passé qui concerne le rien ne vouloir en savoir dont Lacan indique qu’il y aurait là de l’expérience analytique, un réel, un réel de l’expérience analytique qui amène, qui conduit à « sa propre méconnaissance, voire produit sa négation systématique ».

Ce réel de l’expérience analytique se retrouve également dans la fin de la cure pour Lacan, c’est dans la destitution subjective, de la fin du procès du psychanalysant que Lacan voit d’où vient la panique, l’horreur. De ce fait si le principe est que le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même « ce si n’exclut pas que l’école garantisse relève de sa formation », ce qui pour Lacan ne peut qu’aller au-delà ,c’est-à-dire devenir responsable du progrès de l’école, devenir psychanalystes de son expérience même comme pour l’AME ainsi que pour l’AE celui au quel on impute d’être de ceux qui peuvent témoigner des problèmes cruciaux au point vif où ils en sont pour l’analyse, spécialement en tant que eux-mêmes sont à la tache ou du moine sur la brèche de les résoudre ».
Il ajoute « cette place implique qu’on veuille l’occuper on ne peut y être qu’à l’avoir demandé de fait, si non de forme ». Il faut noter ici que Lacan donne une place cruciale au témoignage et au dire de ceux qui ne veulent pas faire la passe.
Pour Lacan «… le passage du psychanalysant au psychanalyste à une porte dont ce reste qui fait leur division est le gond, car cette division n’et autre que celle du sujet dont ce reste est la cause, l’important porte sur l’expérience de la passe de rendre enfin véritable les garantie recherchées »mais il s’agit également de s’interroger sur les liens entre routine de vie et métier…….
Pour Lacan c’est bien l’expérience qui nous permettra de trancher- encore s’agit-il pour de savoir de quelle l expérience il parle-,de même lorsqu’il avance que la psychanalyse est une pratique sans valeur mais pas sans éthique ,il s’agit d’en tirer les conséquences……
Est-ce cela qui nous est également apparu lors de la fin notre analyse ?ou lors de la conclusion de nos travaux ,ou de no(s)tre expérience(s) …

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(1) L’Autre manque 15 janvier 1980
(2) Monsieur A 18 mars 1980
(3) Lettre pour la Cause Freudienne 23 octobre 1980
(4) Proposition d’octobre 1967 sur le psychanalyste de l’Ecole
-Texte de Pierre Smet



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DEUXIEME TEXTE:

CONTRIBUTION POUR LE TEXTE DE FONDATION
par Joseph-Lê TA VAN

Contribution au TEXTE DE FONDATION de l’association « Acte Psychanalytique »

A quelques uns, nous avons décidé le 7 juin 2004 de fonder une association de psychanalyse et de la nommer « Acte Psychanalytique ».
Cela faisant, nous savions - du moins la gageure, sinon l’impossibilité – dans laquelle nous allions nous engager, dans la mesure où le vocable « acte », à fortiori « acte psychanalytique », ne pouvant en aucun cas être substantivé, nous (dans le sens de quelques uns, du un à un mis en série) nous (dans le sens instituant) le fîmes notre (dans le sens institution) signifiant.
La logique qui sous-tend notre acte de fondation est analogue à celle qui structure le parcours de l’intension jusqu’à l’extension de la psychanalyse chez chaque un de nous.
Autrement dit, nous tenterons de mettre à l’épreuve du réel que constitue le groupe, et l’incessante tâche psychanalysante et le toujours en devenir du psychanalyste dans la mise en rapport de chaque un de nous aux autres….
Le parcours - cure personnelle, passe, devenir psychanalyste, travail à plusieurs psychanalystes…,- ne peut trouver son sens qu’avec l’idée selon laquelle l’on n’est jamais psychanalyste, et qu’il soit nécessaire de ne pas se départir du tranchant vif de ce qu’est la psychanalyse. Que ce soit dans son travail individuel psychanalyste/psychanalysant ou le travail à plusieurs, la psychanalyse est sans cesse à inventer, par le biais du dispositif de la passe. Que celle-ci puisse demeurer le mode opératoire « charnière » de la tâche analysante toujours sur le qui vive. En d’autres termes, y est à l’œuvre la mise en tension continue entre le non-rapport sexuel (« ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire ») et le rapport (dont résulte « ce qui cesse de ne pas s’écrire »).
C'est-à-dire : « […] conformément à la topologie du plan projectif, c’est à l’horizon même de la psychanalyse en extension [,] que se noue le cercle intérieur que nous traçons comme béance de la psychanalyse en intension. » 1
Reprenant quelque part à notre compte l’analyse du 4è Groupe de la situation psychanalytique (plus précisément celle psychanalytico-institutionnelle) de l’époque, bien que lointaine, nous la trouvons toujours actuelle. Comme quoi, le progrès tant désiré, et justement aussi parce qu’il est désiré, reste par conséquent à l’horizon… à tout jamais !
Et pour semer encore plus de trouble dans notre esprit et en particulier dans notre volonté « instituante », ici et maintenant, cette analyse est d’autant plus fine et serrée, mettant le doigt précisément là où il est impossible de penser !
En l’occurrence, « Le phantasme scientifique d’une formalisation dernière de l’inconscient et de la libido, valable quels que soient les sujets en cause et en présence, n’en demeure pas moins commun à beaucoup d’analystes ; et ceci au détriment d’une discipline qui, à se chercher toujours plus dans ses extensions et ses " intensions " en perd de vue son champ propre, extra-territorial à tout autre. ».
Par ailleurs, ceci, à savoir « La psychanalyse n'est jamais le discours scientifique qui parle d'elle. Elle n'est pas la méthodologie qui la rend possible. » met du moins en parallèle sinon en identité avec la fameuse « il n’y a pas d’Autre de l’Autre » ou « il n’y a pas de méta-langage » de Lacan.
Voilà en bref, mais vraiment très bref, les seuls quelques points que nous voudrions mettre en exergue parmi tant d’autres. Points que nous nous devrions ne pas oublier et auxquels nous nous référerons dans notre pari extrêmement audacieux de nous nommer « acte psychanalytique ». Tel est le risque que nous consentons à encourir.
Prix nécessaire à payer pour être à la hauteur…du « psychanalyser » ?
Et enfin, le questionnement ultime que nous nous permettons de nous poser ici en paraphrasant Lacan, quand il avait dit qu’il fallait protéger la « psychanalyse » des « psychanalystes »… !?! (cf. entre autres, « Des canards » de J.Lacan, en annexe).

Juin 2007
Joseph-Lê Ta Van

EN ANNEXE :
Des canards (III)

Les psychanalystes n’aiment pas la violence, elle finirait même par les rendre furieux et pour un peu — mais il faudrait pour cela qu’ils soient des hommes ou des femmes d’action — ils se mettraient à cogner : tu es violent, eh bien, prends ça dans la poire, ça t’apprendra.

Mais comme la violence est un échec de la parole, et que par ailleurs ils ne sont pas des hommes d’action, ils ne peuvent, rendus impuissants, que s’angoisser : Que faire ? gémissent-ils, sinon jeter une pelletée de sciure sur cette flaque malodorante, laissée par un malpropre.

Il est sûrement dommage qu’avec sa pulsion de mort à tout faire, Freud ait fait l’économie d’une analyse plus fine de la violence. Car, chers petits canarades, ce n’est pas la mort qui est une violence, il suffit de se laisser faire, et c’est bien malheureusement ce que vous acceptez le plus souvent. Mais oui, canarades, rien n’est reposant que de se mortifier en répétant la bonne parole inscrite dans l’Autre, ce que j’ai appelé le tire-fesse : ça vous mène, somnolents, la promesse de la bonne piste qui, ultime hoquet, se révélera être noire.

Mais, pointez dans le nœud borroméen, si vous vous réveillez, cette étrange jouissance de l’Autre qui, antipodique à la jouissance phallique, est la jouissance de la vie, comme je l’ai appelée.

Qu’est-ce qu’elle est ? sinon justement la violence qui dérange le confort des places acquises et des lâchetés du faire semblant. La violence n’est pas l’échec de la parole mais sa vérité, la vérité que la parole entre un homme et une femme fait échec.

Je comprends que vous préfériez les accommodements.

Note : On continue de m’interroger pour savoir qui cacherait ce nom. Ces petits canards n’ont pas encore compris que c’est moi, Lacan, tel que je l’ai déposé en chacun de ceux que j’ai enseignés et qui, à l’occasion, gueule, de ne plus supporter de devoir se taire.
J.-M. Lacan


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TROISIÈME TEXTE :

De Michel Elias, Juillet 2014

Acte Psychanalytique est une ASBL de psychanalystes lacaniens, qui prennent leurs distances avec les institutions analytique classiques trop encombrées d’institutionnalisation, pour interroger le rapport des sujets avec le collectif perpétuellement oscillant entre dissolution et efficacité. Une expérience de 10 années (2004) nous confronte (2014) avec les tendances, l'insistance institutionnalisante nécessaire et tendances empêtrées de leurs différences. D'un côté les réflexes institutionnelles classiques, de l'autre, la vie politique, telle qu'elle devait s'articuler chez les analystes d'abord, dans les cartels, des inter-cartels, les réunions plénières de travail. L’ASBL est ouverte à tous ceux qui ont une certaine pratique des textes de Freud et Lacan.

Reformulation demandée par les membres du groupe :

En gros et schématiquement : Le point de départ =

- Confrontation de chaque subjectivité (imprégnée d'imaginaire au minimum) à l'ensemble des autres dits semblables.

Point d'arrivée (idéalement) :

Le sujet et le collectif s’interpénètrent